Qui est Alice Ruhweza ?
Alice Ruhweza est une figure majeure du développement durable et de la transformation des systèmes agroalimentaires à l’international. Depuis le 1er mars 2025, elle occupe le poste de présidente d’AGRA (anciennement « Alliance pour une Révolution Verte en Afrique »), succédant à la scientifique rwandaise Agnes Kalibata. AGRA est une organisation africaine œuvrant pour la souveraineté agricole des Etats africains et accélérant les modèles agricoles vertueux à travers le continent.
Un parcours professionnel international au service du développement
Alice Ruhweza a près de 30 ans d’expérience dans la gestion des enjeux climatiques, environnementaux et plus largement du développement économique sur plusieurs continents et en particulier en Afrique. Avant de devenir présidente d’AGRA, elle a été directrice régionale pour l’Afrique au sein du World Wide Fund for Nature (WWF), où elle a dirigé les efforts de l’organisation pour façonner l’agenda de la durabilité à travers le continent. Elle a également occupé des postes de direction chez Conservation International, notamment en tant que vice-présidente des programmes et des partenariats, et a dirigé le programme Vital Signs. Au sein du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), elle a dirigé l’unité de financement environnemental mondial pour l’Afrique, mobilisant plus de 600 millions de dollars pour soutenir des initiatives environnementales dans plus de 40 pays d’Afrique subsaharienne.
Alice Ruhweza est titulaire d’un master en économie agricole et appliquée de l’Université du Wisconsin et d’une licence en sciences sociales de l’Université Makerere en Ouganda. Elle a également suivi des formations en leadership à la Harvard Kennedy School, à l’IMD Business School de Lausanne et à la Saïd Business School de l’Université d’Oxford. Ses contributions lui ont valu plusieurs reconnaissances, notamment en tant que Senior Fellow du programme New Voices de l’Aspen Institute et membre du Conseil mondial sur l’avenir de la nature et de la sécurité du Forum économique mondial.
Vision d’Alice Ruhweza pour AGRA : vers une souveraineté agricole africaine réelle
À la tête d’AGRA, Alice Ruhweza met l’accent sur la transformation des systèmes agroalimentaires africains pour stimuler la croissance économique, créer des emplois, améliorer les moyens de subsistance et lutter contre le changement climatique. Elle est en faveur d’investissements dans la recherche et le développement, les technologies innovantes, les pratiques agricoles inclusives et respectueuses du climat et souhaite favoriser des cadres politiques cohérents pour soutenir la transformation agricole.
L’agriculture comme moteur de la croissance africaine
En marge du sommet Nutrition for Growth (N4G) à Paris, Alice Ruhweza expliquait à Radio France International (RFI) sa volonté d’accélérer le développement de plateformes permettant de distribuer des semences issues des agriculteurs et producteurs, sujet au cœur des enjeux de souveraineté alimentaire et agricole en Afrique :
« Beaucoup de pays travaillent en outre à la transformation de leurs systèmes agricoles pour gagner en autonomie et moins dépendre des importations, tâche dont l’impulsion est parfois donnée par la base avec des organisations comme AGRA. Quand on a commencé, toutes les semences étaient fournies par de grandes entreprises privées, ce qui faisait débat. Nous avons donc fait en sorte de pouvoir s’en procurer localement et nous avons créé une plateforme permettant aux petits exploitants de produire des semences pour les mettre à disposition des petits agriculteurs »
Dans une interview à l’Agence France Presse reprise par plusieurs médias internationaux dont Barron’s, Alice Ruhweza a évoqué l’impact négatif de la réduction des financements internationaux, notamment ceux de l’USAID. La présidente d’AGRA a estimé cependant que cette coupe budgétaire américaine était un « signal d’alarme » pour les pays africains. Elle a ainsi plaidé ainsi pour que l’agriculture devienne le « moteur de la croissance économique » de l’Afrique : « si nous investissons bien nos ressources, nous n’aurons probablement pas besoin d’aide ».